« Trois petites fermes valent mieux qu’une grande » : des paysans montrent la voie

(source : Basta/Sophie Chapelle – 22 février 2024)

Photo de une : De gauche à droite : Stéphane Rouvès, Philippe Chorier, Anne Déplaude, Pierre-André Déplaude. © Confédération paysanne de la Loire

Partager terres agricoles et bâtiments pour permettre à d’autres de s’installer, c’est le choix d’un couple de paysans dans la Loire. En 20 ans, sur leurs 70 hectares, ils sont passés de 1 à 3 fermes où huit personnes travaillent et vivent bien.

Nous sommes ici dans une ferme qui s’est démultipliée », lance Anne Déplaude, vigneronne à Tartaras, dans la Loire, devant des étudiants médusés [1]. « Il y a vingt ans, cette ferme était en lait et comptait deux associés sur 70 hectares. Aujourd’hui, sur une surface équivalente, on a désormais quatre fermes et huit personnes qui travaillent. »

Comment ont-ils réussi ce pari ? L’histoire commence en 2001. Anne arrive sur la ferme de son compagnon, Pierre-André. Il élève alors une quarantaine de vaches laitières en Gaec avec son cousin [2], et livre son lait à une laiterie détenue par Danone. « Ce qui a motivé la reconversion, c’est qu’on vendait le lait à la laiterie et que c’était elle qui fixait le prix. Notre envie, c’était de maîtriser le produit et d’aller jusqu’au produit fini », souligne Anne. Le projet mûrit tranquillement et tend vers la viticulture. À partir de 2003, de nouvelles vignes sont progressivement plantées. « Le vin permet d’optimiser la valeur ajoutée à l’hectare. On a pu faire ce changement car on avait fini d’amortir l’outil : on n’était plus pieds et poings liés avec les banques. »

Autonomie, un maître mot

« Cette autonomie financière a permis de préserver notre autonomie décisionnelle » poursuit Anne. Avec Pierre-André, ils font le choix d’un certain type de viticulture : ils décident de limiter la surface de plantations à 8 hectares, afin d’être sur une approche très qualitative avec d’anciens cépages locaux« On a aussi fait le choix d’investissements progressifs et calibrés », poursuit la vigneronne. Ils construisent ainsi un bâtiment dédié à la vinification dix ans après la plantation des vignes.

L’autonomie, maître mot dans leur parcours, est aussi technique. « On s’est beaucoup formés, on s’est aussi équipés, mais on n’a jamais été dépendants d’un conseil extérieur. » Pierre-André précise : « Dans beaucoup de fermes, c’est le vendeur de phytos [pesticides de synthèse, ndlr] qui fait le calendrier de traitements ».

« Plutôt que de tout mécaniser, on a aussi fait le choix d’employer du monde » complète Anne. Deux salariés et demi travaillent aujourd’hui avec le couple. Ils vendent entre 30 000 et 35 000 bouteilles par an, dont la moitié en vente directe. « Notre reconversion a permis de libérer du foncier qu’on a décidé de partager pour favoriser la ’’multiplication de paysan·nes’’. »C’est là que Philippe Chorier, éleveur, entre en scène.

Mutualiser pour éviter l’endettement

« En 2007, j’avais un projet de porc plein air, avec un fort souci d’autonomie », confie Philippe. Sidéré par le coût de mécanisation qu’il a pu constater dans diverses exploitations agricoles, il envisage une structure à petite échelle dans laquelle il pourra minimiser au maximum ses investissements. Il contacte les Déplaude via l’Association départementale pour le développement de l’emploi agricole et rural (Adear). « Trente hectares se libéraient dont les Déplaude n’étaient pas forcément propriétaires. Pierre-André m’a accompagné pour se porter garant et j’ai pu récupérer 17 hectares », raconte Philippe.

L’essentiel du matériel que Philippe utilise est en Cuma (coopérative d’utilisation de matériel agricole). « J’ai toujours eu des tracteurs collectifs. Pour 3000 euros de parts sociales à la Cuma, on peut avoir du matériel disponible et ça me convient très bien. » Le souci de la mutualisation pour être autonome le conduit à s’investir dans la création d’une boucherie en SARL, ainsi que dans un atelier de découpe collectif. « On partage l’outil. Ça permet de mutualiser et d’amortir les coûts sur 10 personnes. Quand on fait face à des factures d’électricité qui grimpent de 600 à 1000 euros, on répartit mieux à plusieurs. »

Au terme de quinze ans d’installation, il se réjouit : « je suis 100 % autonome sur les aliments, et en temps de travail. Mon bâtiment est payé, j’ai moins de pression. » Il y a quelques mois, Philippe a cédé à son tour 2,5 hectares à un jeune, ancien salarié des Déplaude, pour lui permettre de s’installer en viticulture. « Je suis heureux d’avoir contribué à ce qu’il puisse planter des vignes et se lancer. »

Lever le verrou de l’accès à la terre

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Prendre soin de nous dans les luttes/ silence mars 2024

Les luttes apportent joie, émancipation, espoir et solidarité et constituent un formidable remède à l’éco-anxiété, le désespoir, le déni ou à l’indifférence. Elles nous confrontent aussi au stress, aux traumatismes ou au risque d’épuisement. Défendre la terre et la justice sociale, c’est être soumis·e à une surveillance et une répression toujours plus démesurée. Face à ce constat, le soin ne peut plus passer au second plan. À travers des exemples inspirants de collectifs et d’actions, ce dossier appelle à prendre en main le soin psychologique et émotionnel collectivement et à le placer au cœur de nos luttes.

lien numéro mars 2024 : https://www.revuesilence.net/numeros/530-Prendre-soin-de-nous-dans-les-luttes/


Épuisement en milieu militant : une réalité, mais pas une fatalité

Marion Bichet

Marie-Laure Guislain a étudié les facteurs qui mènent à l’épuisement en milieu militant, qu’elle expose dans un livre et un spectacle : Désenvoûtement ou le néolibéralisme va-t-il mourir ?. Elle partage son témoignage et des pistes à explorer pour en sortir.

Quel était le contexte qui t’a amenée jusqu’au « burn-out » (1) 

J’étais responsable des enquêtes et actions en justice contre les multinationales pour l’association Sherpa. Pendant très longtemps, j’ai été seule sur ce poste alors que je suivais une dizaine d’actions contre des multinationales. Je travaillais au quotidien sur des sujets comme le génocide, le crime contre l’humanité, le crime de guerre et l’esclavage moderne. Je réalisais des enquêtes auprès des personnes touchées directement par ces crimes. Face à la violence du système néolibéral sur les plus vulnérables, j’ai dû apprendre à dissocier, me détacher de tout ça, pour ne pas sombrer dans le désespoir. En-dehors des espaces que je m’offrais moi-même en thérapie, je n’avais pas du tout d’espace d’écoute.

J’ai découvert que les policiers spécialisés dans les crimes contre l’humanité et les génocides qui travaillaient, comme moi, sur notre plainte contre la BNP pour complicité de génocide au Rwanda, avaient, eux, un suivi psychologique pour éviter le burn-out. Quand je l’ai raconté à ma hiérarchie, elle m’a ri au nez en affirmant que nous étions derrière notre écran toute la journée et a refusé un suivi. Pourtant, mon travail comportait un grand risque de développer un stress vicariant. J’ai appris grâce au collectif Oxo que ce type de stress touche particulièrement celles et ceux qui accompagnent les personnes traumatisées, victimes de violence, et qui développent, en miroir, des syndromes assez similaires. Cela concerne surtout les femmes ou personnes en minorité de genre (2). À Sherpa, il n’y en avait aucune connaissance.

« Ce n’est pas le fait de militer qui nous mène au burn-out, c’est la façon dont on milite et dont on reproduit le système capitaliste néolibéral à l’intérieur de nos collectifs. » Marie-Laure Guislain

Petite recette du burn-out dit « militant »

Quel est la « recette du burn-out dit militant » que tu partages dans ta conférence gesticulée 

• Cinq cuillères à soupe de surcharge de travail, avec des objectifs ambitieux et un manque de moyens, et du militantisme viriliste et sacrificiel.
• Un bol de stress, face à l’urgence d’agir, qui s’exacerbe avec l’urgence de protéger le vivant, et la délégation des missions de services public au secteur associatif.
• Un saladier entier de désespoir et d’impuissance devant la violence du système.
• Mélanger, mettre sous pression, laisser mijoter à feu vif et ne rien laisser sortir, surtout pas une émotion !
• Ajouter des « injonctions paradoxantes », expression du sociologue Vincent de Gaulejac. Pour moi, c’était par exemple ma hiérarchie qui me demandait d’augmenter la cadence de mes actions en justice et d’en augmenter en même temps la qualité.
• Ajouter 500 kilos de manque de reconnaissance, avec des salaires plus bas que la moyenne dans le milieu associatif, sous prétexte que l’on a de la chance d’avoir un métier qui a du sens. 
• Puis 1 000 kilos de revenus plus bas pour les femmes et les minorités de genre, pourtant majoritaires dans le secteur.
• Pour finir, mettez bien 30 000 kilos d’appropriation du travail des femmes et des minorités par la hiérarchie. Ce fut mon cas. William Bourdon, fondateur de l’association Sherpa, a été nommé avocat le plus puissant de France par le magazine QG en 2018 et 2019, en citant quatre des plaintes contre des multinationales que j’avais écrites avec d’autres femmes dont des stagiaires, encore plus invisibilisées que les autres. 
Voilà, c’est prêt !

Pourquoi « burn-out néolibéral » plutôt que « burn-out militant » ?

Un des principaux facteurs du burn-out est la reproduction du système capitaliste néolibéral néocolonial patriarcal (qu’on peut résumer en système néolibéral). Il est important de le nommer. Je suis désespérée face à certaines émissions ou articles sur le burn-out militant qui véhiculent l’idée que militer peut amener au burn-out. Au contraire, militer permet de créer du lien et de sortir de l’impuissance et du désespoir ! Ce n’est pas le fait de militer qui nous mène au burn-out, c’est la façon dont on milite et dont on reproduit le système capitaliste néolibéral à l’intérieur de nos collectifs : s’imposer une énorme productivité, être dans le perfectionnisme, la compétition au lieu de la coopération, etc.

Quels sont les symptômes du « burn-out néolibéral » ?

Les symptômes sont variés. Il y a des signes physiques : fatigue, insomnies, troubles digestifs ou musculaires, maux de tête, ou même infarctus. Ensuite, il y a des signes cognitifs : troubles de la mémoire ou de l’attention par exemple, des signes émotionnels : anxiété, tristesse, irritabilité, et même idées noires conduisant parfois au suicide. Chez certaines personnes, on observe aussi un repli sur soi, des comportements addictifs, le fait de travailler encore plus, et souvent la perte de sens. Ce dernier symptôme est particulièrement fréquent chez les militant·es, face aux incohérences de nos collectifs qui reproduisent certaines oppressions systémiques que l’on cherche par ailleurs à combattre.

Qu’est-ce que cette expérience t’a appris 

Une des choses les plus importantes dont j’ai pris conscience, c’est l’idée du « masque à oxygène dans l’avion ». En cas de dépressurisation de la cabine, il faut d’abord s’équiper soi-même d’un masque à oxygène avant d’aider les autres. Si tu n’as pas d’oxygène, si toi-même tu ne te sens pas bien, tu ne peux pas aider les autres et contribuer au monde. Pour moi, ça a été très difficile, parce qu’évidemment, je me sens privilégiée par rapport à toutes les personnes qui sont concernées plus fortement que moi par les oppressions systémiques. Cette culpabilité du privilège m’a amenéE à me négliger.

Des collectifs pour prendre soin en milieu militant


Après ce burn-out, tu as cofondé deux collectifs : Allumeuses et Métamorphoses

Allumeuses est né de la conviction que pour renforcer le mouvement social, il nous faut cultiver le soin pour sortir durablement de l’épuisement. Nous accompagnons pendant six mois des collectifs qui veulent changer de culture de travail. Ensemble, on identifie les facteurs d’épuisement et on aide à instaurer de nouvelles pratiques, pour remettre du soin à tous les niveaux. On est formé·es à plusieurs pratiques et on utilise entre autres des outils d’éducation populaire. Pour les collectifs qui n’ont pas les moyens de nous rétribuer, on propose une participation libre. Nous jouons aussi des conférences gesticulées sur le sujet, pour toucher les militant·es grâce à l’art et aux émotions, et nous animons des ateliers pour sortir de l’épuisement (ateliers de « désenvoûtement » du système néolibéral néocolonial patriarcal) et de Life Art Process(un mélange de danse, dessin et écriture) pour se donner de la puissance d’agir, en mixité choisie. Quant à Métamorphoses, c’est un petit collectif bénévole de cinq personnes, né du désir d’informer sur l’épuisement militant et la nécessité du soin dans nos luttes. Nous avons mis les gens en lien, en organisant des visio sur le sujet. Nous avons aussi aidé les militant·es à aller se former au militantisme régénératif (3), en partenariat avec UlexProjects, un organisme de formations militantes.

Comment prévenir et soigner l’épuisement dans nos collectifs ?

Le soin est politique. C’est un problème systémique auquel on doit répondre par des solutions collectives. Il ne s’agit donc pas seulement d’écouter ni de proposer du soutien psycho-émotionnel mais de remettre du soin à tous les niveaux. Par exemple, au niveau culturel, on a besoin de cultiver l’espoir qu’un changement est possible, en célébrant nos victoires (4), en notant les petits pas que l’on fait vers un changement, en partageant des récits alternatifs inspirants qui dessinent des futurs désirables. Il nous faut aussi favoriser le droit à l’erreur, la reconnaissance, et cultiver la joie militante de faire ensemble. Créer, par la danse ou l’art, est aussi une manière de prévenir l’épuisement. C’est ce que propose un des collectifs où je milite : Le Bruit qui court. Un collectif d’artivistes qui cherche à faire de la création artistique un acte de résistance. 
Au niveau structurel, on peut encourager les projets qui mettent en œuvre la coopération plutôt que la compétition. Cela pourrait se faire en sensibilisant les bailleurs de fonds pour qu’ils financent uniquement les projets qui encouragent la collaboration entre collectifs et qui proposent des garde-fous concrets contre l’épuisement. Au niveau institutionnel, il y a notamment besoin de changer le droit pour empêcher la répression des mouvements sociaux par l’État. Enfin, au niveau organisationnel, tout doit être pensé pour prendre soin du collectif et des individus qui le composent : la gestion des priorités, les rôles, la répartition des pouvoirs, la gouvernance, la prise de décision, etc. C’est ce que nous proposons avec Allumeuses.

Quel conseil donnerais-tu à des militant·es épuisé·es ?

Entourez-vous ! Parlez avec d’autres personnes qui vivent les mêmes choses. Cela vous aidera à mieux sentir que votre problème est systémique et pas uniquement individuel. Ensuite, ça peut paraître paradoxal mais j’ai envie de leur dire de continuer à s’engager, pour sentir qu’il y a des manières de contribuer au monde et sortir de l’impuissance. Pour cela, on peut rejoindre des collectifs qui donnent de la place au soin, tout en ayant conscience qu’aucun collectif n’est parfait et qu’on a le droit à l’erreur.

Pour aller plus loin : 
• Frédéric Amiel, Marie-Laure Guislain, Le Néolibéralisme va-t-il mourir ? (Et comment faire pour que ça aille plus vite.) , Les Éditions de l’Atelier, 2020
• De nombreuses ressources sont disponibles sur le site payetonburnoutmilitant.fr

Marion Bichet, réalisatrice du podcast Radical Chaudoudoux, sur le soin et les luttes.

(1) Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel ou militant, est caractérisé par une fatigue physique et psychique intense, générée par des sentiments d’impuissance et de désespoir.
(2) Comme l’explique le collectif OXO, les violences fondées sur le genre étant généralement vécues par des femmes, et les métiers de la relation d’aide et du care étant majoritairement occupés par des femmes, la réactivation de leurs propres traumas lors de l’écoute est un risque non négligeable pour ces dernières. 
(3) Aussi appelé « militantisme soutenable », l’expression « militantisme régénératif » est utilisé par des mouvements comme Extinction Rebellion ou The Ulex Project pour désigner un militantisme dans lequel les militant·es prennent soin d’eux et elles, évitant ainsi de s’épuiser comme on épuise les ressources de la Terre.
(4) Voir le dossier, l’affiche et l’exposition de Silence sur les victoires de l’écologie.

lien : https://www.revuesilence.net/numeros/530-Prendre-soin-de-nous-dans-les-luttes/epuisement-en-milieu-militant-une-realite-mais-pas-une-fatalite

merci de soutenir Silence si vous pouvez :

historique :

1982 : Naissance de la revue 
En mai 1981, la gauche arrive au pouvoir, et rapidement trahit ses promesses sur le nucléaire : elle autorise notamment la poursuite de la construction de la centrale Superphénix à Creys-Malville (Isère). En réaction, les comités Malville organisent une marche vers Paris à (…)

Réduction des pesticides : le recul du gouvernement

(source : Reporterre/Justine Guitton-Boussion – 21 février 2024)

Le plan de réduction des pesticides Écophyto a un nouvel indicateur, a annoncé le Premier ministre le 21 février. Pour les associations écologistes, il s’agit d’un « retour en arrière ».

Gabriel Attal a évacué le sujet en une phrase et quelques secondes. « Je vous annonce que l’indicateur de référence pour suivre notre objectif de réduction [des pesticides] ne sera plus le Nodu franco-français, mais bien l’indicateur européen », a déclaré le Premier ministre, le 21 février. Il tenait une conférence de presse à Matignon, pour faire le point sur les engagements du gouvernement en réponse à la colère des agriculteurs.

Si ce changement d’indicateur peut sembler anecdotique, il a en réalité fait l’effet d’une bombe parmi les ONG environnementales. « C’est un reniement total des objectifs d’Écophyto [le plan visant à réduire de 50 % l’usage des pesticides en France d’ici 2030] », s’est immédiatement indignée l’association Générations futures dans un communiqué.

« Un nouvel échec politique, sanitaire et environnemental »

Dès le 1er février, face aux manifestations d’agriculteurs dans tout le pays, le gouvernement avait déclaré mettre « en pause » le programme Écophyto jusqu’au Salon de l’agriculture (qui débute le 24 février), le temps de consulter les demandes des syndicats. L’exécutif avait ensuite argué que l’indicateur de calcul actuel, appelé le Nodu (nombre de doses unités), ne permettait pas les comparaisons avec les autres pays européens. Autrement dit, qu’il fallait le remplacer.

Le gouvernement avait annoncé envisager un référentiel européen, baptisé HRI1 (indicateur de risque harmonisé). Celui-ci pondère les quantités de pesticides utilisées par un coefficient, censé refléter leur dangerosité. Les ONGenvironnementales s’étaient opposées à ce choix — elles avaient même boycotté une réunion gouvernementale le 12 février pour protester —, estimant que le changement d’indicateur allait indiquer une réduction des pesticides complètement artificielle.

« Entre 2011 et 2021, le choix du Nodu indique une hausse de 3 % [d’utilisation des pesticides] alors que le HRI1 serait lui à la baisse de… 32 % pendant la même période ! » avaient écrit plusieurs associations dans une lettre, mais le gouvernement avait refusé qu’elles la lisent en réunion.

Faisant fi de cette levée de boucliers, Gabriel Attal a donc malgré tout acté l’abandon du Nodu le 21 février. « C’est conforme à notre volonté d’éviter toute surtransposition. C’était la demande des agriculteurs », a justifié le Premier ministre.

« Il s’agit d’un retour en arrière », a estimé de son côté Générations futures. « L’abandon de l’indicateur Nodu signe un nouvel échec politique, sanitaire et environnemental. L’agriculture est dépendante des pesticides, et plutôt que de l’aider à en sortir, le gouvernement laisse faire », a approuvé l’ONG WWF sur le réseau social X (anciennement Twitter).

lien suite article : https://reporterre.net/Reduction-des-pesticides-le-recul-du-gouvernement

LE HOLD-UP DE LA FNSEA SUR LE MOUVEMENT AGRICOLE

Un lundisoir avec des agricultrices et agriculteurs

(source : lundisoir – paru dans lundimatin#416, le 21 février 2024)

Des dizaines d’autoroutes bloquées et transformées en campement éphémères, des préfectures recouvertes de lisier, une mutuelle incendiée, pendant deux semaines un mouvement des agriculteurs est sorti des campagnes pour défier le gouvernement. Ce qui a surgi comme une révolte s’est néanmoins rapidement transformé en négociation. La FNSEA, syndicat majoritaire dévoué à l’agro-industrie, a su reprendre et serrer les rênes. Pour décrypter et comprendre cette séquence, nous avons invité des paysans et des paysannes qui depuis leurs pratiques, – nourrir les autres-, contestent l’organisation même de l’agriculture française.

Imaginons un monde où tout conspirerait à produire du néant. Dans ce monde-là, le front du vivant serait le premier menacé, virtuellement, de mise à mort. Bien sûr, on ne le verrait pas tout de suite. Il s’agirait d’une guerre d’attrition. D’un long long siège. On passerait discrètement, en quarante ans, d’un million six à quatre cent mille travailleur·es de la terre. Appelons cette drôle de guerre : le grand déclin des géorgiques. Car dans ce drôle de monde, les paysans – cultivant les vivants – deviendraient peu à peu des ouvriers agricoles, puis des employés de l’agro-industrie, puis, ironie du sort, de drôles d’hybrides, à la fois salariés du capital et fonctionnaires payés par les aides de la PAC. Le capital, avare vorace, substituant à son principe minimal de reproduction de la force de travail, l’aide généreuse venue des impôts de l’Europe, ne se soucierait même plus, au fond, de sa propre reproduction – le parasite se suicidant en suicidant son hôte. Dans ce monde-là, heureusement fort loin du nôtre, la logique de production des vivants qui servent à nous nourrir serait, intimement, réellement, à terme, une logique de destruction des producteurs, des vivants même et de la terre. Heureusement, dans ce monde-là, un petit village, exalté, naïf, bourgeonnant depuis les bourgs vers les labours néo-ruraux, se propose de résister encore et toujours aux abstractions de la valeur agro-industrielle : le village de la confédération paysanne, de l’Atelier Paysan, et de mille autres micro-tentatives d’inverser le procès par lequel le labour général, la dette, l’exploitation deviennent la guillotine du paysan. Réussira-t-il à inverser le cours des géorgiques ? Nous essayons de le savoir, ce lundisoir.

lien : https://lundi.am/Le-hold-up-de-la-FNSEA

Action de la Confédération Paysanne / «Lactalis, prédateur!» 200 paysans occupent le siège du géant laitier

Avec un chiffre d’affaires dépassant les 28 milliards d’euros en 2022, Lactalis est le n°1 français de l’agro-alimentaire. © Emmanuel Clévenot / Reporterre

(source : Reporterre/Emmanuel Clévenot – 21 février 2024)

À Laval, en Mayenne, le siège du géant laitier Lactalis a été envahi par 200 paysans. Les contrats imposés par la multinationale « poussent certains éleveurs à travailler à perte », dénonce la Confédération paysanne.

Laval (Mayenne), reportage

Une intrusion historique. À trois jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, près de deux cents paysans et une dizaine de tracteurs ont convergé sur le siège social du numéro 1 mondial des produits laitiers, Lactalis. Jamais la multinationale basée à Laval n’avait connu un tel envahissement en près d’un siècle d’existence. En une poignée de secondes, vers 14 heures, sous les regards incrédules des salariés et de la direction, les drapeaux jaunes de la Confédération paysanne flottaient par dizaines dans les couloirs immaculés des bâtiments.

Parmi les manifestants, venus de Sarthe, Maine-et-Loire, Manche ou même Ariège, se trouve Vincent Guillet, éleveur bio. Il vend son lait à Lactalis depuis près de quarante ans. Lui rangera bientôt ses bottes au placard. S’il est là aujourd’hui, c’est pour défendre l’avenir de sa fille, bientôt à la tête de sa ferme : « Le prix fixé par Lactalis au début de l’année est inférieur à celui de 2023. Et pendant ce temps-là, le montant de l’assurance et des charges grimpent. Ce n’est plus possible ! D’autant qu’en grande surface, notre lait est vendu trois fois plus cher. »

Disparaissant sous son k-way fluorescent, une manifestante ne mâche pas ses mots : « Lactalis est un véritable prédateur. » Au cœur des préoccupations ce jour, les contrats imposés par la multinationale, qui « asservissent les éleveurs, et poussent certains à travailler à perte ». La direction du syndicat a demandé à être reçue par l’un des actionnaires. En vain.

« Ce n’est plus possible ! »

Dans le hall d’entrée, quelques hommes en costume observent le ballet. S’approchant d’eux, sourire aux lèvres, une éleveuse les interpelle : « Il est où votre patron ? Il a pris la fuite ? Il aurait pu nous offrir un bon lait chaud quand même. » À l’autre bout du couloir, deux policiers en uniforme campent silencieusement.

Aux mois de janvier et février, le géant laitier avait fixé le prix du millier de litres à 405 euros, avant de l’augmenter à 420 euros sous la pression des blocages. Un montant encore bien inférieur à ce que paient d’autres laiteries. Il sonne comme la preuve ultime de l’inefficacité de la loi Egalim — adoptée en 2018 et censée protéger la juste rémunération des agriculteurs — aux yeux des manifestants. La Confédération paysanne exige, elle, une revalorisation immédiate à hauteur de 500 euros (soit 50 centimes le litre).

Plus tôt dans la matinée, à l’hôtel Matignon, le Premier ministre Gabriel Attal pointait justement du doigt «les fraudeurs» de la loi Égalim : «Les contrôles se multiplient, et les sanctions seront au rendez-vous.» Il promettait, par ailleurs, la présentation au Parlement d’un nouveau projet de loi d’ici l’été : «On ne peut pas accepter qu’un industriel conclue un prix avec un distributeur avant de se retourner vers le producteur pour lui imposer celui-ci.»

Des déclarations que Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, accueille avec hostilité : «L’urgence est là, et elle ne peut pas attendre l’été. En deux semaines, il peut s’en prendre à Écophyto [qui vise à réduire le recours aux pesticides]. Pourquoi on ne pourrait pas se doter d’une loi protégeant le revenu des paysans dans le même laps de temps?» La porte-parole réclame l’interdiction de tout achat de produits agricoles en-dessous du prix de revient. Autrement dit, l’instauration d’un prix minimum couvrant le coût de production, la juste rémunération du paysan et sa protection sociale.

lien pour lire la suite:

https://reporterre.net/Lactalis-predateur-200-paysans-occupent-le-siege-du-geant-laitier

LE DEAL FNSEA/JA – MACRON/ATAL = toujours plus de cancers !!

Effondrement de la biodiversité, eau et sols contaminés : les coûts cachés des pesticides

(source : Basta/Nolween Weiler – 15 février 2024)

Face à un agriculteur victime de pesticides, un député de la majorité présidentielle a lancé : « Vous voulez quoi, qu’on n’ait plus d’agriculture ? ». Or, c’est précisément l’usage de pesticides qui risque de nous condamner au désert.


 Voici l’édito de notre nouvelle newsletter mensuelle On en Agro !. 

Nos très chers pesticides

Ouvrir le robinet à pesticides – qui déversait déjà abondamment ses molécules toxiques – pour calmer la colère des agriculteurs, et obtenir qu’ils rentrent à la maison. Voilà qui va sans doute réjouir les vendeurs de ces produits, pour qui la France est un juteux marché, le premier en Europe, avec un quart des ventes totales pour une valeur annuelle estimée à 3 milliards d’euros [1]. Certes, le plan Ecophyto, né dans la foulée du Grenelle de l’environnement de 2009, n’a pas encore permis de diminuer leur usage. Mais sa mise sur « pause », annoncée le 1er février par le Premier ministre, montre que le gouvernement n’a visiblement pas l’intention de réfléchir à un modèle agricole capable de se passer des pesticides.

Il prévoit même de masquer leurs consommations réelles, voire leur augmentation, en renonçant à l’outil qui permettait de mesurer leur usage : le « Nodu » (nombre de doses unités). Indicateur historique du plan Ecophyto, le Nodu rend compte de la quantité de pesticides utilisés par hectare. Il pourrait être remplacé par le « HRI1 », dont on ne sait pas exactement ce qu’il mesure puisqu’il est censé prendre en compte la quantité et la dangerosité des pesticides.

« Si un pesticide très toxique est interdit et remplacé par un pesticide tout aussi nocif, on considère qu’il s’agit d’une forte réduction des pesticides », illustre l’ONG Générations futures, qui siège au comité d’orientation et de suivi (COS) du plan Ecophyto. Seule certitude : cet indicateur peut donner « une fausse impression de forte baisse »d’utilisation des pesticides. Entre 2011 et 2021, le Nodu indique une hausse d’utilisation des pesticides de 3 %, alors que le HRI1 indique une baisse de 32 % ! « Remettre en cause l’indicateur Nodu c’est remettre en cause l’objectif même de la réduction des usages des pesticides en agriculture qui était au cœur du plan », ajoute l’ONG.

Fermeture de captages d’eau

Sans que l’on comprenne bien en quoi cela va sauver les agriculteurs, le gouvernement décide donc d’appuyer sur l’accélérateur qui nous mène au désastre. Les coûts collectifs astronomiques de l’usage des pesticides n’en finissent plus d’être documentés. Regardons par exemple l’hécatombe d’oiseaux : 25 % d’entre eux ont disparu ces 40 dernières années en Europe. Dans les milieux agricoles, cette proportion grimpe à 57 % ! Très impactés par le réchauffement climatique, les oiseaux le sont aussi par l’usage massif de pesticides qui les affament en faisant disparaître les insectes. Insectes dont le déclin est tout aussi spectaculaire : de 70 à 80 % d’entre eux ont disparu [2].

Intéressons nous aussi à l’état de l’eau, tellement contaminée que des captages doivent être fermés, notamment à cause de la présence de métabolites, ces descendants des pesticides que l’on retrouve partout. A certains endroits, les autorités sanitaires sont tellement désemparées qu’elles rehaussent les seuils au-delà desquels l’eau est considérée comme impropre à la consommation – une eau considérée trop polluée hier redevient ainsi potable.

En septembre 2022, les taux d’esa-métolachlore (métabolite issu d’un désherbant du maïs) acceptables ont ainsi été multipliés par 9, passant de 0,1 à 0,9 microgramme par litre. A Masserac, en Loire-atlantique, où la problématique des pesticides inquiète les élus depuis plusieurs années, l’impossibilité de dépolluer l’eau est patente. « Après passage de la filtration au charbon (l’une des plus efficaces que l’on connaisse à ce jour pour les pesticides, ndlr), on retrouve encore plus de 300 molécules », remarque Mickaël Derangeon, vice-président d’Atlantic’eau, le syndicat producteur d’eau potable.

Sols impropres

A cela s’ajoute l’état des sols, sur lesquels la recherche commence à se pencher, découvrant une présence généralisée de pesticides, qui rend une partie de ces sols impropres à la production alimentaire.

« Mettre une pause sur Ecophyto c’est inacceptable. On ne peut pas continuer comme ça, alors que tellement de gens sont malades »

Face à Christian Jouault, agriculteur victime de pesticides, le député Renaissance de l’Hérault Patrick Vignal a lancé sur le plateau de BFM TV : « Vous voulez quoi, qu’on n’ait plus d’agriculture » ? Mais c’est précisément l’usage de pesticides qui risque de nous condamner au désert. Comment pourra-t-on cultiver la terre et nourrir le monde sans le concours des insectes, qui assurent jusqu’à 35 % de la production mondiale via la pollinisation ? Comment les agriculteurs feront-ils pour abreuver leurs bêtes et se désaltérer quand ils ne pourront plus boire l’eau qui coule sous leurs pieds ? Et où cultivera-t-on les légumes quand les terres seront toutes contaminées ?

« Mettre une pause sur Ecophyto c’est inacceptable. On ne peut pas continuer comme ça, alors que tellement de gens sont malades », a répondu Christian Jouault, en ce moment hospitalisé pour soigner une leucémie, alors qu’il a déjà eu un cancer de la prostate reconnu comme une maladie professionnelle.

Réorienter les aides

Longtemps réduites au silence, les victimes des pesticides sont de plus en plus nombreuses à prendre la parole et à obtenir la reconnaissance de leurs maladies comme d’origine professionnelle. En 2022, le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a reçu 650 demandes de reconnaissances. Ce n’est là que la partie émergée de l’Iceberg, car les démarches pour une reconnaissance en maladie professionnelle sont un vrai parcours du combattant. De plus, la honte et le déni restent fort dans les campagnes.

Personne n’a dit qu’il serait facile de réduire ou renoncer à ces outils d’apparence miraculeuse que sont les pesticides, et surtout pas ceux et celles qui travaillent au quotidien en se passant d’eux. Les agriculteurs ont besoin d’aide pour résoudre mille et une impasses techniques, répondre à leurs doutes, mutualiser les bonnes idées, et indemniser leurs récoltes perdues. Des milliards d’euros pourraient être réorientés vers ces tâches essentielles.

« En France, les dépenses réelles associées aux pesticides sont deux fois plus élevés que les profits du secteur », estime une étude du Bureau d’analyse sociétal de l’intérêt collectif (Basic) publiée en 2021. Et ce calcul « a minima » ne prend pas en compte l’ensemble des maladies dues aux pesticides, ni les mesures de plus en plus onéreuses pour traiter l’eau, ni les aides aux agriculteurs. Mises bout à bout, ces dépenses s’élèvent à plus de 18 milliards d’euros.

Nolwenn Weiler

[1] Moyenne 2016-2022, calcul du Bureau d’analyse sociétale d’intérêt collectif (Basic).

[2] Selon une recension d’études réalisée par le quotidien Le Monde en février 2023.

lien Basta : https://basta.media/Effondrement-biodiversite-pollution-eau-sols-couts-caches-pesticides


 

S’opposer aux NGT, les «nouveaux OGM», est-il anti-scientifique?

+ Lettre ouverte de chercheurs contre la dérèglementation des OGM/Inf’OGM 12/2023

(source : Reporterre/Vincent Lucchese – 1er février 2024)

Si rien n’indique que les « nouveaux OGM » soient sanitairement dangereux, ils ne sont pas exempts d’inquiétudes scientifiquement légitimes sur leurs conséquences biologiques. En plus de leurs coûts et conséquences sur les paysans.

De nombreux scientifiques sont récemment montés au créneau pour défendre les « nouveaux OGM », autrement appelés NGT, pour « Nouvelles technologies génomiques » (« new genomic techniques »). En octobre 2023, une vingtaine de chercheurs français assuraient dans une tribune au Monde que ces NGTétaient sans danger et même plein de promesses pour accompagner la transition agroécologique.

Dans une lettre ouverte publiée en janvier 2024, ce sont même 37 prix Nobel et quelque 1 500 scientifiques qui exhortaient le Parlement européen à soutenir le développement des NGT sur le continent. Ceux-ci seraient indispensables pour répondre à l’urgence écologique, et s’y opposer reviendrait à céder aux « ténèbres de l’alarmisme anti-scientifique », clamaient les chercheurs. Ils semblent avoir été entendus, le Parlement ayant validé le 7 février le projet de dérégulation des NGT de la Commission européenne.

Il existe pourtant de nombreuses raisons de s’opposer à ces nouveaux OGM : risque d’appropriation du vivant par l’agrochimie et d’affaiblissement des petits paysans, utilisation favorisant l’usage de pesticidescontamination inéluctable des cultures bio… les craintes concernant les conséquences socio-économiques de ces NGT sont multiples. Mais faut-il redouter la technologie d’édition du génome en elle-même ? Ou cela relève-t-il de « l’alarmisme anti-scientifique » ?

lien pour lire l’article :


pour rappel article sur Inf’OGM :

https://www.infogm.org/7951-lettre-ouverte-chercheurs-contre-dereglementation-ogm

(source : Inf’OGM/Eric Meunier – 21 décembre 2023)

Lettre ouverte de chercheurs contre la dérèglementation des OGM

Plus de cent scientifiques interpellent la Commission européenne sur les lacunes de sa proposition de dérèglementation des OGM, formulée en juillet 2023. Alors que cette proposition fait l’objet d’intenses négociations politiques à Bruxelles, ces scientifiques demandent notamment une évaluation des risques complète et une transparence totale pour tous les citoyens.

Comment une partie du CNRS a relayé une campagne d’influence en faveur des « nouveaux OGM » (Le Monde)

(source : Le Monde/Stéphane Foucart – 9 février 2024)

Le vote des eurodéputés sur la législation encadrant les nouvelles techniques génomiques, le 7 février, a donné lieu à une opération de communication impliquant des instances de l’organisation scientifique. Au grand dam de nombre de ses chercheurs. 

Le recours à l’autorité scientifique est un levier politique puissant. En amont du vote des eurodéputés, mercredi 7 février, sur les conditions d’autorisation en Europe des « nouveaux OGM », l’organisation WePlanet a orchestré sur les réseaux sociaux une campagne d’influence fondée sur la mise en avant de chercheurs favorables à la dérégulation de la diffusion de ces plantes, issues des nouvelles techniques génomiques (NGT pour New Genomic Techniques). L’organisation, qui se présente comme une « ONG éco-moderniste » et milite pour le nucléaire, les organismes génétiquement modifiés et le développement de l’alimentation cellulaire, a bénéficié d’un appui appréciable en France : celui d’une partie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Deux jours avant le vote, de hautes instances du vaisseau amiral de la recherche française ont, selon les informations du Monde, invité les chercheurs de l’institut de biologie, l’un des dix départements principaux du CNRS, à participer à la campagne de WePlanet, en leur transmettant les éléments de communication concoctés par l’organisation : hashtags, tweets prérédigés, consignes d’interpellation des parlementaires, etc.

Daté du 5 février, le courriel est adressé par le secrétariat de l’institut de biologie du CNRS à une quinzaine de directeurs d’unités. Sa fuite, dans des listes de diffusion de chercheurs d’universités et d’organismes publics, alimente de nombreux commentaires. Interrogée, la direction de la communication du CNRS assure que la décision de relayer la campagne de WePlanet relève d’une décision de son institut de biologie, « adressée uniquement aux chercheurs de cet institut ».

« Hold-up »

« Le CNRS est en faveur d’un assouplissement de la réglementation des OGM sur les NGT afin d’accélérer la recherche et l’innovation à partir de ces nouvelles techniques, lit-on dans le message. A l’occasion de ce débat, WePlanet a coordonné l’écriture d’une lettre ouverte, notamment signée par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna, Prix Nobel de chimie 2020, et envoyée aux membres du Parlement européen pour les inciter à voter en faveur d’une réglementation assouplie pour les nouvelles techniques génomiques. »

Le message relaie la proposition de WePlanet aux scientifiques « de se prendre en photo devant leur laboratoire et de publier leur image sur les réseaux sociaux en utilisant le #GiveGenesAChance [“Donnez une chance aux gènes”] et #NGTs ».

La lettre ouverte coordonnée par l’organisation WePlanet et relayée par l’institut de biologie du CNRS appelle les parlementaires européens à « examiner attentivement les avantages de l’adoption des NGT », à « rejeter les ténèbres de l’alarmisme anti-science et à se tourner vers la lumière de la prospérité et du progrès ».

Le texte a été signé par environ 1 500 scientifiques européens, souvent chercheurs en biologie moléculaire ou en génétique végétale, dont un peu moins d’une vingtaine déclarant une affiliation au CNRS. Les NGT sont toutefois l’objet de grandes divergences d’opinions au sein de la communauté scientifique, souvent selon les champs disciplinaires.

En écologie et évolution, parmi de nombreux chercheurs interrogés par Le Monde, ou s’étant exprimés sur des listes de diffusion scientifiques, la stupéfaction et la réprobation dominent. « Un hold-up de quelques-uns sur la voix et la réputation de nos institutions », grince un professeur du Muséum national d’histoire naturelle. « Consterné par une prise de position publique de certains acteurs au CNRS qui prend en otage l’ensemble de l’établissement », confie au Monde un écologue, directeur de recherche au CNRS. « Hallucinant et scandaleux », dit un autre, généticien à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

« Texte partisan »

Le biologiste François Parcy, directeur de recherche au CNRS, a pour sa part signé la lettre ouverte de WePlanet et a posté sur son compte X une photo en faveur des NGT. « Je l’ai fait par adhésion au message véhiculé, sans avoir reçu ce mail d’invitation du CNRS, dit-il. Cette démarche est surprenante au regard de la frilosité de nos organismes sur ces sujets, mais je trouve bien que l’institut de biologie [du CNRS] s’engage sur ce sujet, alors que de nombreux chercheurs favorables à ces technologies n’osent pas prendre la parole publiquement. »

« Ce texte apparaît partisan et néglige les données scientifiques en écologie et en évolution sur les conséquences désastreuses pour l’environnement des OGM, qui n’ont fait qu’augmenter les quantités de pesticides répandues sans améliorer les rendements et ont permis de l’appropriation du vivant par des brevets », fait valoir une chercheuse en génétique et écologie évolutives, directrice de recherche au CNRS et membre de l’Académie des sciences. « Assez hallucinée sur la manière de nous enjoindre de faire du lobbying et que le CNRS [relaie] textuellement les propos d’une ONG, assez nébuleuse qui plus est, écrit sur une liste de diffusion publique une biologiste, médaille de bronze du CNRS. Qui connaissait WePlanet avant ce mail ? »

L’institut de biologie du CNRS dit ne pas disposer d’« informations précises » sur l’association. Les responsables de WePlanet assurent, eux, que leur organisation a été fondée en février 2022. Installée à Bruxelles, elle dispose de représentants dans plusieurs pays européens – sa représentante en France est une ex-cadre d’Areva, fondatrice de l’association Voix du nucléaire.

Selon l’institut de biologie, « la position officielle du CNRS [en faveur d’une dérégulation des NGT] a été établie au terme de réunions avec cinq autres instituts de recherche européens ». La direction du CNRS reconnaît cependant que cette position n’est pas le fruit d’une confrontation pluridisciplinaire de points de vue.

La juriste Christine Noiville, directrice de recherche au CNRS et présidente de son comité d’éthique (Comets), dit comprendre que, derrière la position du CNRS, « il y a le spectre des arrachages d’OGM qui plane encore et la nécessité de respecter la liberté académique ». Mme Noiville rappelle toutefois l’un des avis récents du Comets selon lequel « si le CNRS venait à décider de s’engager en tant qu’institution, c’est-à-dire s’il prenait des positions publiques et normatives sur des sujets de société, (…) il devrait respecter les règles qui s’appliquent aux chercheurs – faire connaître clairement sa position, expliciter les objectifs et valeurs qui la sous-tendent – et permettre un débat contradictoire au sein de l’institution ».

La physicienne Michèle Leduc, directrice de recherche émérite au CNRS, ancienne présidente du Comets, se dit pour sa part très surprise par cette initiative de l’institut de biologie, qui « s’adresse directement à ses directeurs de laboratoire avec des injonctions précises et sans justifier ses options, sur un sujet qui fait l’objet de vifs débats scientifiques, non totalement tranchés et porteurs de graves enjeux politiques ». Elle rappelle « la nécessité du débat démocratique éclairé par les scientifiques sur les questions économiques et sociétales ».

Stéphane Foucart

EUROPE / LES MISTER HYDE DE l’AGRO-INDUSTRIE AUX MANETTES ! PRINCIPE DE PRECAUTION ET TRACABILITE AUX OUBLIETTES POUR LES NOUVEAUX OGM…??

Le Parlement européen ouvre, sous conditions, la voie aux nouveaux OGM

(source: Le Monde/Stéphane Foucard – 7 février 2024)

Les eurodéputés souhaitent que ces nouvelles plantes soient traçables et étiquetées. Les Etats-membres, eux, ne se sont pas accordés sur un texte commun, repoussant la réforme législative à la prochaine mandature. 

C’est un vote inattendu, qui contrecarre les ambitions dérégulatrices de la Commission européenne. Le Parlement européen a voté, mercredi 7 février, un texte favorable à un encadrement plus strict des « nouveaux OGM » que ne le souhaitait Bruxelles dans sa proposition législative. Plus surprenant : les parlementaires ont voté en séance plénière, par 307 voix pour et 263 contre, un texte plus contraignant (ou plus protecteur, selon le point de vue) que celui adopté en commission de l’environnement.

Ce même jour, les Etats-membres ont, eux, échoué à s’entendre sur un texte, plusieurs pays d’Europe orientale étant rétifs à la diffusion de ces nouvelles technologies. L’absence de consensus trouvé en conseil européen rend improbable la finalisation du projet législatif au cours de cette mandature.

Dans sa proposition, rendue publique en juillet 2023, la Commission européennesouhaitait déréguler les plantes issues des nouvelles techniques génomiques (NGT pour « New Genomic Techniques »), pour peu que leur génome n’ait subi qu’au plus vingt modifications (ou NGT-1) : pas d’évaluation des risques sanitaires et environnementaux, pas de traçabilité, pas d’information du consommateur par le biais de l’étiquetage et aucune disposition particulière sur la brevetabilité de ces plantes. Bruxelles entendait déréguler ces nouvelles cultures quels que soient les traits ajoutés, incluant ceux dont les effets environnementaux délétères sont documentés, comme la tolérance à des herbicides. Les NGT ayant subi un plus grand nombre de changements (ou NGT-2) demeureraient, eux, soumis aux mêmes contraintes que les OGM classiques.

« C’est une victoire majeure »

Les eurodéputés ont accepté l’idée d’exempter d’évaluation des risques les NGT-1, à condition que ceux-ci soient favorables à une amélioration de la durabilité de l’agriculture (moins d’intrants, fixation des nutriments, résistance à des maladies, adaptation au réchauffement, etc.). L’eurodéputé Pascal Canfin (Renew), président de la commission ENVI, dit se réjouir du vote, qui ouvre la voie à « une nouvelle solution pour nos agriculteurs ». Ces nouvelles technologies, précise-t-il, « seront utilisées uniquement pour réduire les pesticides ou s’adapter au changement climatique ».

De fait, les variétés NGT qui seraient rendues tolérantes à des herbicides ne pourraient bénéficier du même assouplissement réglementaire. Surtout, les parlementaires ont voté favorablement à la traçabilité et l’étiquetage de ces nouvelles plantes jusqu’au produit final. « C’est une victoire majeure pour laquelle nous nous sommes battus pendant des mois », dit l’eurodéputé français Christophe Clergeau, rapporteur du texte pour le groupe S&D.

Sur cette question, les parlementaires ont voté à front renversé, les députés Renew ayant majoritairement voté contre, l’aile gauche du Parlement ayant voté favorablement à la traçabilité et l’étiquetage, de même qu’une part des élus d’extrême droite, Rassemblement national en tête. « Si on est convaincu des avantages environnementaux des NGT-1, c’est contre-productif car on risque de tuer ce marché en imposant la traçabilité et l’étiquetage », dit-on dans le camp centriste.

Les ONG opposées au texte

Les eurodéputés ont aussi voté la non-brevetabilité des NGT – de tels titres de propriétés sur ces plantes pourraient avoir des effets majeurs sur le tissu industriel et agricole de certains pays. « La crainte d’une déstabilisation de la petite agriculture paysanne par ces nouvelles technologies est l’une des raisons des surprises de ce vote, dit M. Clergeau, rapporteur du texte pour le groupe S&D. Les élus de certains pays d’Europe orientale ont préféré adopter une posture de prudence indépendamment de leur couleur politique. »

M. Clergeau regrette ainsi l’absence de mesures de co-existence entre les cultures NGT et l’agriculture biologique. « L’amendement selon lequel les contaminations des cultures bio par des NGT ne déclasserait pas les récoltes est un cadeau empoisonné, dit-il. Cela pourrait contribuer à dévaloriser la filière. » Des mesures de coexistence entre types d’agricultures seraient du ressort des Etats-membres, selon le texte adopté par le Parlement. Autre nouveauté : l’obligation de surveillance environnementale et la possibilité de retirer du marché une plante NGT si les autorités d’un Etat-membres identifient un risque sanitaire ou environnemental.

Les organisations non gouvernementales de protection de l’environnement demeurent majoritairement opposées au texte. « Les membres du Parlement européen ont manqué à leur devoir de protéger la santé des citoyens, l’environnement et l’avenir de l’agriculture européenne, déclare Ariane Malleret, chargée de campagne agriculture à Greenpeace France. Les agriculteurs européens paieront le prix fort en devenant encore plus dépendants d’un petit nombre de semenciers. »

La France favorable

Mme Malleret assure que « les semenciers pourront même poursuivre en justice les agriculteurs si leurs cultures sont contaminées de manière fortuite » et que les preuves manquent de la capacité de ces nouveaux OGM à s’accommoder du réchauffement. « Sans dispositif limitant la contamination, ni obligation de publier les méthodes de détection et d’identification, ce règlement fragiliserait l’existence d’alternatives agricoles sans OGM, respectueuses de la biodiversité et de l’environnement », dit-on à l’association Pollinis.

Mercredi 7 février, en Conseil européen, la Roumanie, l’Autriche ou encore la Pologne ont voté contre le texte proposé par la présidence belge. L’Allemagne s’est abstenue, tandis que la France y était favorable. Le projet n’aboutira qu’au terme des négociations entre la Commission, le Parlement et le Conseil. Elles se tiendront, sauf surprises, au cours de la prochaine mandature – si toutefois les Etats-membres parviennent à s’entendre sur un texte de compromis.

Cet article est paru dans Le Monde (site web)


Le Parlement européen ouvre la voie aux « nouveaux OGM« 

(source: AFP – 7 février 2024)

lien : https://www.boursorama.com/actualite-economique/actualites/le-parlement-europeen-ouvre-la-voie-aux-nouveaux-ogm-a8aa0cec3876a15e32992491cc62a8b5

Le Parlement européen a approuvé mercredi à une courte majorité une proposition d’assouplissement réglementaire pour les végétaux issus de biotechnologies génomiques – promesse de semences plus résistantes selon leurs partisans, « nouveaux OGM » potentiellement dangereux, pour leurs détracteurs.

Le texte vise à exempter une partie des variétés issues des « nouvelles techniques génomiques » (NGT) des règles encadrant les organismes génétiquement modifiés (OGM). Soutenu par la droite, contesté par la gauche et les écologiste, il a été adopté à 307 voix pour (236 contre, et 41 abstentions).

« C’est une date historique, le Parlement a voté pour la science, pour la sécurité alimentaire, pour soutenir les agriculteurs européens, après des décennies de blocages », a réagi l’eurodéputée suédoise (PPE, droite) Jessica Polfjärd, rapporteuse du texte.

Ce vote ouvre la voie à de futures négociations avec les Etats membres qui, très divisés, n’ont pas encore arrêté leur position, de quoi compromettre grandement une finalisation d’ici les élections européens de juin.


Un manifestant tient une pancarte demandant de « réglementer les nouveaux OGM » lors d’une manifestation contre les nouvelles techniques génomiques dans le cadre d’une vague de protestation à travers l’Europe, devant le Parlement européen à Strasbourg, dans l’est de la France, le 6 février 2024 ( AFP / FREDERICK FLORIN )



CANCERS PEDIATRIQUES EN AUGMENTATION : « Nous riverains, victimes collatérales de la suspension du plan Ecophyto »

(source: Basta/collectif – 5 février 2024)

« Nous soutenons les paysans qui veulent vivre dignement mais exigeons la fin des pesticides qui les font mourir ainsi que nos enfants », défendent des associations de victimes des pesticides après la suspension annoncée du plan Ecophyto.

Nous, riverains d’exploitations agro-industrielles, soutenons les paysans qui se sont battus pour changer en profondeur un modèle agricole insoutenable et qui ont subi la pression des forces de l’ordre pour mettre fin à leur résistance, dès que la FNSEA a obtenu ce qu’elle désirait. Plutôt que d’accompagner la transition vers un modèle agroécologique seul à même de répondre aux enjeux climatiques et sanitaires, le gouvernement se plie aux appels de la frange financiarisée et écocide du secteur agricole.

Le constat est sans appel  : les marges des petits producteurs ne cessent de s’éroder tandis que les bénéfices du complexe agro-industriel explosent. Aujourd’hui, environ 20% des agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. A l’inverse, entre les premiers trimestres 2022 et 2023, les profits bruts de l’industrie agro-alimentaire ont plus que doublé, passant de 3,1 milliards d’euros à 7 milliards. Le modèle actuel d’intégration au profit des firmes agrochimiques et agroalimentaires enferme la majorité des agriculteurs dans une logique productiviste mortifère, avec des conséquences terribles sur les plans sanitaire et écologique. 

L’agriculture intensive entraîne une dégradation des écosystèmes et a un impact négatif important sur de nombreuses espèces animales et végétales. Cet effondrement du vivant est une menace pour la pérennité du secteur agricole lui-même. Les paysans qui produisent pour le marché local en agriculture biologique reçoivent moins de subventions que les grands céréaliers qui exploitent plusieurs centaines d’hectares en utilisant quantités d’intrants chimiques aux effets mal mesurés, et dont une partie est destinée à l’exportation.

« Nos enfants sont les plus vulnérables »

Nous, riverains, vivants des campagnes, voulons que chaque agriculteur et agricultrice puisse vivre dignement de son travail tout en garantissant la protection de la biodiversité et de la santé de tous. Que nous ne courrions plus le risque, lorsque nous sortons dans nos jardins, que nous buvons notre eau ou que nos enfants partent à l’école, de contaminations chroniques par des pesticides.

Certains d’entre nous sont touchés par les mêmes maladies que celles reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs : Parkinson, lymphome, leucémie, myélome, prostate, tumeur cérébrale… Nos enfants sont les plus vulnérables, et nombreux sont touchés par des cancers pédiatriques.

Avant un épandage, nous ne sommes pas prévenus. Si nous sommes absents, nous ne savons pas que le linge, les jeux des enfants, les fruits et légumes qu’on cultive sont touchés. Le centre antipoison nous conseille de tout nettoyer : fruits et légumes, tables et chaises de jardin, jouets… mais peut-on nettoyer l’herbe sur laquelle jouent les petits et les grands, l’arbre sur lequel nos enfants vont grimper ?

Quand nous demandons aux exploitants en agriculture intensive le nom du produit épandu, ils refusent de nous le communiquer. Il n’y a pas de transparence. Actuellement, il n’y a pas de règlementation qui nous protège réellement. Où est le principe de précaution ? 20% de la population française reçoit une eau non conforme, contaminée par des pesticides et leurs métabolites. 

« Le modèle agricole peut devenir soutenable »

Le modèle agricole a un impact considérable sur l’environnement et sur la santé, et ceux qui cultivent la terre sont les premiers exposés. Par la multiplication des pratiques vertueuses, agriculture biologique, agriculture paysanne, circuits courts, application du principe de précaution et renforcement du droit à l’environnement, le modèle agricole peut demain devenir soutenable et aligné sur l’intérêt général. 

Nous demandons un accompagnement économique et politique à la transition agroécologique à la hauteur des enjeux sanitaires, climatiques et écologiques. Cela passe par un soutien à l’installation et une limitation de l’agrandissement des exploitations, un financement accru de toute la filière d’agriculture biologique, le maintien du moratoire sur les OGM et la mise en œuvre de mesures de réciprocité pour les denrées agricoles importées en Union Européenne, afin que celles-ci respectent les mêmes normes environnementales et sanitaires que celles imposées à nos agriculteurs. Il faut sortir des traités de libre-échange et stopper les négociations en cours. 

L’arrêt des négociations autour du futur plan Ecophyto 2030 est une farce puisque celui-ci prévoyait de continuer à ne rien exiger. Mais c’est un signal fort annonçant que la réduction de l’usage des pesticides n’est plus à l’ordre du jour. La remise en question des zones de non-traitement est une décision inacceptable à l’heure où justement, les tribunaux administratifs contestent leur réduction. Sur le même sujet

Nous exigeons le déblocage de moyens ambitieux pour poursuivre la transition en cours vers une sortie des pesticides de synthèse. Réduire leur utilisation est un impératif de santé publique, un préalable pour assurer la pérennité de notre système agricole et une nécessité pour assurer la protection de la biodiversité, de nos ressources naturelles et de nos modes de vie. Cela ne peut se faire sans mettre les moyens nécessaires. Ce n’est pas aux paysans seuls de porter le poids de la transition écologique vitale pour nous tous.

Seul un changement radical de modèle agricole peut sauver les paysans et les riverains, les sols, l’eau et tout le vivant.

Signataires : Alerte Pesticides Haute Gironde, Avenir santé environnement (Charente-Maritime), Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, Les Jardins d’Entrevennes (Alpes-de-Haute-Provence), Riverains ensemble Durance (Alpes-de-Haute-Provence), Saint Nolff 21 (Morbihan), Stop aux cancers de nos enfants (Loire-Atlantique), Vaurais nature environnement (Tarn)


lien article : https://basta.media/nous-riverains-victimes-collaterales-de-la-suspension-du-plan-ecophyto-pesticides-transition-agriculture