GLYPHOSATE LE RETOUR : l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) complice au grand jour de l’AGRO-INDUSTRIE qui empoisonne terre, air et eau !!


STOP à l’empoisonnement de nos enfants, petits enfants et générations futures .. Les ECOCIDEURS européens sont à la manoeuvre pour réautoriser jusqu’en 2033 le glyphosate .

Notre écocideur et autocrate en herbe le Président Macron (qui regrette la possibilité d’un troisième mandat) est prêt à tout pour favoriser la FNSEA (bras armé de l’agro-industrie) et de ses lobbies mortiféres .

La décision sera prise le vendredi 13 octobre par les 27 membres de la commission européenne …. c’est aussi le 1er jour de l’AG des Faucheuses/eurs d’OGM !!

RAPPELS : Le président a le devoir de veiller à préserver la santé des français/ses . La MSA a même reconnue plusieurs maladies dues à l’utisation du glyphosate et de ses co-formulants (toulours pas analysés) : métaux lourds et résidus pétroliers toxiques …

En 2018 la CJUE (cour de justice de l’union européenne) arrête que les plantes ou organismes mutés ou obtenus par « toutes les nouvellles techniques de modification du génome par des méthodes non naturelles » sont bien des OGM. Macron et ses gouvernements sont déjà hors la loi depuis février 2020 , suite à la décision de la Conseil d’Etat (plus haute juridiction française) qui arrête que les Variétés rendues Tolérantes aux Herbicides (VrTH) sont bien des OGM. L’état Macron doit payer une amende avec nos impôts pour non application de la loi . Biberonné aux dividendes , Macron est toujours au service des banques et actionnaires de tout poil..

K

« La proposition de la Commission autorise l’usage du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2033, soit pour une durée deux fois plus longue que la précédente autorisation, mais en deçà de la période de 15 ans initialement prévue. »

« même si une majorité se dégage au Conseil européen en faveur d’une réautorisation, un État membre peut interdire le glyphosate sur son sol. C’est ce que prévoit de faire la coalition au pouvoir en Allemagne.« 

brêve : Aux Etats-Unis , après nous avoir abreuvés de Chlordécone et autres poisons pour l’être humain, la Californie (d’autres états s’y préparent) commence un procès contre les industries pétrolières et leurs pratiques écocidaires concernant le déréglement climatique…


revue de presse : Reporterre / Mediapart / Le Monde / ouest-france / La Croix


( source : Marie Astier/Reporterre – 20 septembre 2023 )

Glyphosate : vers une nouvelle autorisation malgré les études

La Commission européenne souhaite prolonger l’autorisation du glyphosate, herbicide présent dans le Roundup, pour dix ans. Pourtant, plusieurs études scientifiques montrent ses effets néfastes potentiels sur la santé des humains.

Dix ans de plus. La nouvelle est tombée mercredi 20 septembre. La Commission européenne propose aux États membres de l’Union européenne de réautoriser le glyphosate — la substance active du Roundup, herbicide le plus utilisé dans le monde — pour dix ans. Seules précautions avancées, la Commission recommande des « mesures d’atténuation des risques » aux alentours des zones pulvérisées, et d’apporter « une attention particulière » aux effets indirects sur l’environnement. La proposition sera officiellement présentée aux États membres vendredi 22 septembre. Ceux-ci devront voter lors de la deuxième semaine d’octobre.

Cette fois-ci, la réautorisation du glyphosate semble passer avec bien plus de facilité qu’en 2017, quand, à la suite d’un intense débat, il n’avait été autorisé à nouveau que pour cinq ans. Dès 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) l’avait classé cancérogène probable, en s’appuyant sur les études scientifiques publiées à l’époque. Las, l’Agence européenne de sécurité sanitaire, l’Efsa, qui, elle, examine principalement les études produites par les industriels, a estimé début juillet que l’herbicide ne présente pas de « domaine critique de préoccupation ». Pourtant, depuis 2017, les chercheurs ont précisé les effets délétères de ce pesticide.

1 – Davantage de preuves d’un effet cancérogène

Le débat se concentre souvent sur les liens entre glyphosate et cancer. Ils se resserrent. En 2019, une méta-analyse, c’est-à-dire une étude scientifique regroupant toutes les données pertinentes et disponibles, a calculé que les personnes travaillant au contact d’herbicide à base de glyphosate — le plus connu étant le Roundup — avaient 41 % de chances supplémentaires de développer un lymphome non hodgkinien (un cancer du système immunitaire).

C’est sur la base de cette étude que l’Inserm (Institut national de la santé et la recherche médicale) a décidé, dans une expertise collective en 2021, de faire passer de « faible » à « moyenne » la présomption de lien entre ce type de cancer et l’exposition au glyphosate. Cette méta-analyse fait « qu’on ne peut pas dire : circulez, il n’y a rien à voir », explique Xavier Coumoul, coauteur de l’expertise de l’Inserm et directeur de l’équipe de l’institut dédiée aux polluants environnementaux. L’institut avait également, dans cette expertise, noté des liens « faibles » entre glyphosate et deux autres types de cancers : le myélome multiple (cancer de la moelle osseuse) et la leucémie.

Les personnes travaillant au contact d’herbicide à base de glyphosate — le plus connu étant le Roundup — auraient 41 % de risques supplémentaires de développer un lymphome non hodgkinien. Wikimedia / CC BY-SA 3.0 / Lionel Allorge

Des constats cohérents avec les mécanismes d’action du glyphosate observés dans les études toxicologiques, relevaient alors les experts de l’Inserm. Ils notaient des « dommages génotoxiques (cassures de l’ADN ou modifications de sa structure) » pouvant « conduire à l’apparition de mutations et déclencher ainsi un processus de cancérogenèse ». Cet effet génotoxique pourrait être dû à un « stress oxydant » généré par le glyphosate, observé « chez différentes espèces et systèmes cellulaires, parfois à des doses d’exposition compatibles avec celles auxquelles les populations peuvent être confrontées », poursuivait l’analyse.

2 – Des effets perturbateurs endocriniens observés

Autre piste actuellement creusée, « les herbicides à base de glyphosate sont des perturbateurs endocriniens susceptibles d’altérer les fonctions reproductives », résumait une revue de la littérature scientifique sur le sujet en 2021. Sur dix caractéristiques clés des perturbateurs endocriniens, le glyphosate en remplit huit, ajoutait une autre la même année.

Une étude publiée en 2019 portant sur des rats exposés à des doses de glyphosate et de Roundup — considérées comme « sûres » selon la législation étasunienne — a montré des effets endocriniens sur les mâles et les femelles depuis « la période prénatale jusqu’à l’âge adulte », écrivent les auteurs. Des effets androgènes ont été notamment remarqués, comme une apparition plus tardive des premières chaleurs et une augmentation de la testostérone chez les femelles. À noter que les effets du Roundup (donc le glyphosate associé aux coformulants de la préparation commerciale) étaient plus importants que ceux du glyphosate seul. Une observation valable dans la très grande majorité des études scientifiques.

Des études menées par l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) en France se sont, elles, intéressées aux poulets. Des coqs exposés au Roundup ont ainsi vu la mobilité de leurs spermatozoïdes décroître. Pour les poules, cette exposition chronique a abouti à une concentration de glyphosate dans le jaune de leurs œufs, à une fragilité des coquilles, une mortalité embryonnaire très élevée et un retard de développement pour les embryons survivants… « On n’a eu que trois poussins vivants sur un groupe de mille œufs », s’étonne encore Anthony Estienne, biologiste spécialiste de la reproduction et coauteur de l’étude. « Alors qu’on a eu 995 poussins vivants sur le groupe contrôle [non exposé]. » Ces études sur des modèles animaux montrent ainsi une perturbation des hormones, des effets sur la reproduction et parfois sur plusieurs générations.

Des études récentes sur des modèles animaux montrent une perturbation des hormones, des effets sur la reproduction – parfois sur plusieurs générations. Public domain pictures / CC / freddy dendoktoor

« Ces études ont été faites sur des modèles animaux, il faut être plus prudent pour l’espèce humaine », tempère Anthony Estienne. « Pour l’instant, on n’a qu’un faisceau de preuves, on ne peut pas tirer des conclusions. » L’Inserm encourageait en 2021 à poursuivre les recherches : « Le fait de centrer la polémique sur un potentiel effet cancérogène pourrait occulter d’autres mécanismes possibles de toxicité, en particulier un effet de perturbation endocrinienne », indiquait l’expertise.

3 – Une nouvelle piste : le microbiote

Les conséquences sur le microbiote consituent une piste ouverte récemment. « Le glyphosate est connu pour interférer avec une enzyme, c’est comme cela qu’il tue les plantes », explique à Reporterre Robin Mesnage, toxicologue au King’s College de Londres. Cette enzyme étant absente chez l’être humain, cela permettait de le présenter comme non toxique pour lui. « Mais elle est présente chez certaines bactéries et champignons de l’intestin », poursuit le biologiste.

Il a donc observé les effets du glyphosate et d’une de ses déclinaisons commerciales utilisées en Europe sur le microbiote de rats exposés à des doses considérées par la réglementation comme sûres pour la santé humaine. Il a ainsi remarqué que l’enzyme inhibé chez les plantes l’était aussi dans l’intestin des rats. Cela provoque l’accumulation dans l’intestin d’une substance, l’acide shikimique« qui pourrait agir comme un potentiel agent cancérigène », décrit-il avec les coauteurs de l’étude« On s’est aussi aperçu que le glyphosate tue certaines bactéries et permet à d’autres bactéries pathogènes de proliférer », ajoute-t-il. Or, la prolifération de certaines bactéries peut être la preuve d’une réponse à un stress oxydant, le mécanisme justement évoqué pour expliquer les liens entre glyphosate et cancer. « Le nouveau mécanisme d’action du glyphosate sur le microbiome intestinal que nous décrivons dans l’étude présentée ici pourrait être pertinent dans le débat sur la capacité du glyphosate à agir en tant que cancérogène », écrivait ainsi Robin Mesnage et ses coauteurs en 2021.

4 – Des effets neurotoxiques  ?

Une étude publiée le 6 septembre 2023 montre une corrélation entre glyphosate et dommages neurotoxiques. Plus précisément, les chercheurs taïwanais ont mesuré chez 597 adultes, représentatifs de la population des États-Unis, deux paramètres : la quantité de glyphosate dans les urines, et la présence d’une protéine indicatrice de lésions neurologiques dans le sang.

« Nous avons trouvé une association positive (…) indiquant que des niveaux plus élevés d’exposition au glyphosate peuvent être liés à des niveaux plus élevés de dommages neuroaxonaux », écrivent-ils. Si le lien de causalité était démontré, cette étude devrait soulever « des inquiétudes quant aux effets potentiels de l’exposition au glyphosate sur la santé neurologique des adultes américains », observent-ils.

5 – Les interactions avec le système immunitaire à l’étude

Enfin, des recherches concernant les effets sur le système immunitaire sont en cours. Le glyphosate « provoque des inflammations et affecte (…) les interactions entre les microorganismes et le système immunitaire », constatait en 2020 une revue de la littérature scientifique sur le sujet. Coauteur, Martin Pelletier, spécialiste de l’immunité et professeur à l’université Laval, au Québec, a poursuivi les recherches.

Il a observé les réactions des neutrophiles, des globules blancs importants dans le système immunitaire, à des faibles doses de glyphosate. « On retrouve du glyphosate chez à peu près tout le monde. Dans le sang, nos neutrophiles sont constamment exposés », explique-t-il à Reporterre. Il a ainsi observé que « certaines fonctions des neutrophiles sont atténuées, par exemple, avec une moindre réponse en cas d’infection. Mais ils peuvent aussi faire une réponse trop forte, ce qui dans le temps peut contribuer à des maladies de type polyarthrite rhumatoïde, par exemple, des maladies de l’immunité », décrit-il.

Ces travaux devraient être prochainement publiés. Le docteur les estime en tout cas cohérents avec les effets constatés par d’autres scientifiques : « Dans la grande majorité des études, on observe vraiment une augmentation de l’inflammation et de la réponse immunitaire. L’exposition au glyphosate pourrait donc contribuer à accentuer ou à créer une maladie inflammatoire ».

Génotoxicité, stress oxydatif, perturbation des hormones et du microbiote, conséquences sur l’immunité… « C’est la somme des différents effets du glyphosate qui créent le caractère toxique », résume le chercheur Robin Mesnage. « Mais il n’y a pas que le glyphosate, c’est tout notre style de vie, la nutrition, les produits présents dans l’environnement, qui font que l’on va vers une explosion des maladies inflammatoires », précise Martin Pelletier. Les herbicides à base de glyphosate, les plus utilisés dans le monde, viennent s’ajouter au cocktail de produits chimiques dans lequel nous vivons désormais.

lien : https://reporterre.net/Glyphosate-vers-une-nouvelle-autorisation-malgre-les-etudes


( source : Le Monde / AFP – 20 septembre 2023 )

Glyphosate : la Commission européenne propose de renouveler l’autorisation pour dix ans dans l’UE

Cette proposition doit être examinée vendredi par les Vingt-Sept, qui devront ensuite la valider courant octobre. En juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments estimait que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdire cet herbicide.

La Commission européenne a proposé mercredi 20 septembre aux Etats membres de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne (UE), selon un texte mis en ligne. La proposition de l’exécutif européen sera examinée vendredi par les Vingt-Sept qui devront ensuite la valider lors d’une réunion le 13 octobre.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans, expirait le 15 décembre 2022, mais avait été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a finalement publié son rapport, disant ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation.

La proposition de la Commission autorise l’usage du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2033, soit pour une durée deux fois plus longue que la précédente autorisation, mais en deçà de la période de quinze ans initialement prévue. Cette proposition précise aussi que l’usage de glyphosate doit s’accompagner de « mesures d’atténuation des risques » aux alentours des zones pulvérisées, notamment par la mise en place de « bandes tampons » de 5 à 10 mètres et l’usage d’équipements permettant de réduire drastiquement les « dérives de pulvérisation ».

« Attention particulière » aux effets sur l’environnement

De même, Bruxelles fixe des niveaux-limites pour certaines « impuretés » issues du glyphosate. L’EFSA avait par ailleurs relevé « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse définitive. Pour en tenir compte, la Commission enjoint aux Etats, chargés de délivrer les autorisations au niveau national et de fixer les conditions d’utilisation selon les spécificités locales, d’« apporter une attention particulière » aux effets sur l’environnement.

Ils seront ainsi tenus d’examiner les « co-formulants » (autres composants présents dans les herbicides autorisés) et d’évaluer l’exposition des consommateurs aux « résidus pouvant être présents dans les cultures successives cultivées en rotation ». De même, les Etats sont appelés à prêter attention à l’impact sur les petits mammifères, en envisageant « si nécessaire » des mesures d’atténuation ou des restrictions. S’ils identifient des effets indirects potentiels sur la biodiversité, ils devront examiner si d’autres méthodes de protection des cultures sont possibles, et pourront là aussi adopter des restrictions.

Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Le glyphosate est-il toxique ? Entre l’Inserm et les agences réglementaires, des conclusions divergentes

Enfin, ils devront veiller à la protection des eaux souterraines susceptibles d’être exposées par le biais de l’infiltration comme aux eaux de surface, notamment celles utilisées pour le captage d’eau potable. En revanche, l’usage pour la dessiccation (épandage de glyphosate pour sécher une culture avant la récolte) est désormais interdit.

Débats sur son classement comme cancérogène

Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides – dont le célèbre Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde –, avait été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. A l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

Le glyphosate avait été réautorisé pour cinq ans en décembre 2017 par un vote des Etats membres. Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron s’était engagé à interdire l’utilisation du glyphosate au plus tard en 2021, mais était revenu en 2019 sur cet engagement, afin de ne pas pénaliser les agriculteurs français par rapport à leurs homologues européens.


« Si les évaluations européennes reposaient sur la science, le glyphosate serait interdit depuis des décennies »

( source : Amélie Poinssot / Médiapart – 20 septembre 2023 )


L’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, estime que l’herbicide le plus vendu au monde ne pose pas de risque majeur pour la santé humaine. Mais pour Laurence Huc, toxicologue et spécialiste des pesticides, cette évaluation « ne correspond à aucun canon scientifique ».


ScienceScience ou lobbying industriel ? Le maintien du glyphosate sur le marché européen est en cours d’examen à Bruxelles. Cet été, l’Efsa, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, a rendu son avis : selon l’agence, l’herbicide ne présente pas de « domaine critique de préoccupation » empêchant le renouvellement de son autorisation. Suite de la procédure vendredi 22 septembre, avec la proposition de texte de la Commission européenne qui, d’après nos informations, pourrait ouvrir la voie à un renouvellement de l’autorisation pour dix ans. La nouvelle réglementation sera soumise au vote des Vingt-Sept lors du Conseil européen des 12 et 13 octobre prochains.
La dernière fois que les États membres avaient statué sur le sujet, il y a six ans, le maintien du glyphosate sur le marché était pourtant passé à un cheveu : la majorité qui s’était dégagée au Conseil européen ne reposait que sur 65,2 % de la population de l’Union, pour une majorité qualifiée fixée à 65 %. La France avait voté contre.

Depuis, Paris a fait volte-face. Marc Fesneau, le ministre de l’agriculture, l’a dit à Ouest France le 12 septembre : « Tout converge vers une nouvelle homologation. » Son argument ? « On fait confiance à la science, aux études qui disent que le glyphosate ne pose pas de problème cancérogène. » C’est également ce qu’avait dit la première ministre Élisabeth Borne au Salon de l’agriculture en février : « En matière de produits phytosanitaires […], notre approche est fondée sur la science et les avis des scientifiques. »


Un bidon de glyphosate en France en 2019. © Photo Denis Charlet / AFP
Mais que dit la science précisément ? L’état de la connaissance actuel diverge en réalité de l’évaluation faite par l’Efsa, et un certain nombre de pathologies ont déjà été identifiées. Entretien avec Laurence Huc, toxicologue et spécialiste des pesticides à l’Inrae, l’Institut national pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
Mediapart : Que sait-on des effets du glyphosate sur la santé humaine ?
Laurence Huc : Le glyphosate est le pesticide le plus utilisé au monde. Il existe donc une grande littérature scientifique à son sujet, à la différence de nombreuses substances actives sur lesquelles on ne sait rien. Mais cette molécule est aussi au cœur d’enjeux financiers importants. Quand, en 2014, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a annoncé qu’il allait produire une monographie sur le glyphosate – qui a abouti à sa classification en 2015 comme cancérogène probable –, les industriels se sont mis à produire des publications minimisant les effets toxiques, selon la même stratégie que le lobby du tabac : la production de doute par la science. Soit les auteurs de ces publications étaient en conflit d’intérêts, soit les publications étaient « ghostwritées » – autrement dit : des scientifiques ont prêté leur nom pour signer des études écrites par les industriels eux-mêmes. Tout cela a créé un « bruit d’information », comme quoi on ne saurait pas vraiment, il y aurait des résultats dans un sens et dans l’autre…
Le chercheur Charles Benbrook a analysé toute la littérature sur les liens entre glyphosate et génotoxicité – c’est-à-dire des altérations de l’ADN pouvant induire des cancers. Selon cette analyse, quand les auteurs des publications ne sont pas en conflit d’intérêts, 75 % des études concluent à un effet génotoxique du glyphosate sous la forme commercialisée du Roundup [l’herbicide de Bayer Monsanto – ndlr] .



L’expertise de l’Inserm sur les pathologies liées aux pesticides, en 2021, le dit aussi : l’exposition au glyphosate augmente les risques, pour les agriculteurs et agricultrices, de développer le lymphome non hodgkinien [un cancer du sang – ndlr]. Nous sommes à un niveau de présomption moyen. De plus, on a observé des cancers chez les rongeurs. C’est suffisant pour faire appliquer le principe de précaution.

Des études académiques utilisant d’autres modèles, comme le développement cellulaire en laboratoire ou les poissons zèbres, aboutissent à la même conclusion. Enfin, deux autres publications importantes : la méta-analyse épidémiologique de 2019, qui reprend toute la littérature et les statistiques sur les populations d’agriculteurs exposés au glyphosate et établit un risque augmenté de 40 % de développer le lymphome non hodgkinien, et une analyse groupée de la plus grande cohorte internationale d’agriculteurs – plus de 3 millions d’individus suivis –, qui montre un risque augmenté de 36 % pour le type de lymphome non hodgkinien le plus courant. Ces données ne font que renforcer les niveaux de preuve du caractère cancérogène du glyphosate pour la population humaine que le CIRC avait déjà pointé en 2015.

  • Le risque de cancer est-il le seul problème posé par l’utilisation de glyphosate ?
    Non, le débat se cristallise là-dessus car, au niveau européen, un classement du glyphosate dans la catégorie des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction – ce que l’on appelle les « CMR » – ou sa classification comme perturbateur endocrinien entraînerait une interdiction du produit sur le marché. Mais se focaliser là-dessus occulte les autres effets du glyphosate, qui sont très graves également.
    La littérature scientifique est convergente sur le fait que c’est un perturbateur endocrinien, c’est-à-dire qu’il a des effets sur la fertilité et la formation du fœtus. C’est aussi un produit neurotoxique, c’est-à-dire qu’il endommage le système nerveux. Et c’est une substance néfaste pour notre microbiote : l’herbicide étant un antibiotique, il attaque nos bactéries intestinales. Ce déséquilibre dans l’organisme peut rendre les gens plus vulnérables à différentes maladies métaboliques comme l’obésité, le diabète, ou encore la stéatose [accumulation de graisses dans le foie – nldr].
  • Le glyphosate est en outre néfaste pour les écosystèmes : il appauvrit les sols ; il pollue l’eau, ce qui entraîne une toxicité chez les poissons ; il pollue l’air, ce qui peut être toxique pour les abeilles… De nombreuses études scientifiques ont été produites sur ces impacts ; ces données, comme celles sur le microbiote, ont été complètement marginalisées dans l’évaluation faite par l’Efsa.
  • Enfin, au-delà du glyphosate, les coformulants qui accompagnent la molécule dans le produit qui est vendu sur le marché aggravent sa nocivité. C’est ainsi que le Roundup se révèle plus toxique que le seul glyphosate.
    Pourquoi l’évaluation de l’Efsa ne tient-elle pas compte d’une grande partie de la littérature scientifique ?
    L’Efsa peut choisir le corpus qu’elle veut, selon la pertinence et le « poids de la preuve ». Elle privilégie les expérimentations qui respectent ce que l’on appelle les « bonnes pratiques de laboratoire », c’est-à-dire les protocoles de toxicologie traditionnels établis dans les années 1970. Ceux-ci ignorent tout un tas d’aspects, notamment ce qui touche au microbiote et à l’épigénétique.
  • Les industriels peuvent appliquer facilement ces protocoles, tandis qu’une grande partie de la recherche académique ne le fait plus car cela n’apporte rien aux qualités des études revues par les pairs. Donc l’Efsa écarte énormément de résultats scientifiques et retient les dossiers montés par les industriels eux-mêmes, qui fournissent leurs propres séries de manipulations en laboratoire.

    Cette ignorance dépasse l’entendement. Mais si nous, chercheurs, mettions de côté 90 % de la littérature scientifique dans une étude, nous ne pourrions pas publier ! Une réautorisation du glyphosate en Europe sur la base des avis de l’Efsa et de l’ECHA [l’agence européenne des produits chimiques qui classe les cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques – ndlr] ne serait pas une décision basée sur la science. L’évaluation faite par ces agences européennes ne correspond à aucun canon scientifique, et pour la biologiste que je suis, ce processus est une truanderie.
  • Car aux côtés de l’Efsa, l’ECHA fonctionne de la même façon : elle choisit ses études et retient principalement les dossiers présentés par les industriels. Elle a conclu que le glyphosate n’était ni cancérogène, ni perturbateur endocrinien, ni reprotoxique.
    Si les évaluations de l’Efsa et de l’ECHA reposaient sur la science, le glyphosate serait interdit depuis des décennies. Le combat n’est pas là, en réalité. Il est du côté des intérêts économiques et politiques.
    Des substances ont fini par être interdites après quinze ans d’utilisation, sur la base des mêmes dossiers réglementaires qui justifiaient leur utilisation. Elles ont fini par être été classées CMR lorsque le marché économique l’a permis. C’est ainsi que l’isopyrazam, un fongicide [produit qui s’attaque aux champignons – ndlr], a été classé comme reprotoxique et interdit en 2022, sans que de nouvelles données aient été apportées à son sujet. Simplement, il n’y avait plus aucun produit contenant cette molécule sur le marché. Un produit est généralement interdit quand son intérêt agronomique a disparu ou quand la profession agricole lui a trouvé un substitut.
  • Malheureusement, le cas du glyphosate illustre au plus haut degré que les preuves en biologie ne servent à rien pour protéger le vivant, elles ne pèsent pas sur les réglementations ni sur les décisions. Cela m’amène, aujourd’hui, à orienter mes recherches vers l’effacement de la connaissance scientifique au cours des processus d’évaluation par les agences réglementaires. Cet effacement est d’autant plus déplorable que les scientifiques comme moi sommes agents de l’État, autrement dit c’est du gâchis d’argent public et c’est un échec criant de la démocratie sanitaire.
  • Le gouvernement français, cependant, n’est pas obligé de suivre l’avis de l’Efsa… Et même si une majorité se dégage au Conseil européen en faveur d’une réautorisation, un État membre peut interdire le glyphosate sur son sol. C’est ce que prévoit de faire la coalition au pouvoir en Allemagne.
  • Si le gouvernement français était favorable à une sortie du glyphosate, s’il voulait prendre en compte la science, nous l’aurions vu. Les plans Ecophyto n’ont pas abouti à une réduction significative de l’utilisation de pesticides. La science est sous ses yeux, pourtant. L’Inrae dont je dépends a réalisé, dès 2017, un scénario d’agriculture sans glyphosate. Il a fait le travail. De la même manière que la culture de betteraves sucrières peut se passer des néonicotinoïdes, il y a des alternatives au glyphosate. La proposition de la Commission européenne de rembrayer sur une autorisation, qui plus est sur dix ans, montre que c’est l’économie qui prime.
  • L’Efsa n’est-elle qu’une caution pour légitimer des pratiques toxiques sur le sol européen ?
    Ce serait pire si l’Efsa n’existait pas. Mais il faudrait qu’elle remplisse son rôle, avec de réelles expertises indépendantes et scientifiquement fondées. La base serait que les tests d’innocuité ne soient plus faits par les industriels mais par des laboratoires indépendants, et que ceux-ci fassent les manipulations expérimentales. Actuellement, ce sont les industriels qui font eux-mêmes les manipulations à partir de leurs propres données. Les résultats, non vérifiables car confidentiels, peuvent être truqués. C’est ce qu’a montré le chercheur Christopher Portier, qui a témoigné dans des procès aux États-Unis. En 2020, reprenant les études réglementaires faites par les industriels sur des rongeurs, il a montré que le glyphosate était effectivement cancérogène chez ces animaux.
  • Les industriels tournent l’interprétation des données dans le sens qu’ils veulent de façon complètement opaque. On peut même voir dans les dossiers des chiffres ou des conclusions grossièrement modifiés. C’est d’une médiocrité inentendable scientifiquement et inacceptable pour la société, qui attend protection des agences sanitaires. Il est choquant de voir que les rapporteurs de l’Efsa et de l’ECHA ne font pas le travail qu’a fait Christopher Portier.

  • L’Efsa et l’ECHA me donnent l’impression de nous jouer un numéro de claquettes ou de prestidigitation. On fait semblant de faire des expertises scientifiques pour, au bout du compte, autoriser un produit sur des critères politico-financiers.


( source : Marie Geredakis / ouest-france – 20 septembre 2023 )

Glyphosate : comment Bruxelles justifie sa proposition de l’autoriser encore pour 10 ans

Malgré les incertitudes sur certains risques de la substance, la Commission européenne pousse pour son renouvellement. Tout en laissant aux États une grande marge d’appréciation.

Si la Commission autorise les substances chimiques, ce sont bien les États qui évaluent les produits commercialisés sur leur territoire. | AFP/ JEAN-FRANCOIS MONIER

Un difficile jeu d’équilibriste. Voici à quoi ressemblent les annonces de la Commission européenne sur la réautorisation du glyphosate, cette substance présente dans l’herbicide controversé, le plus utilisé au monde.

Ce sera finalement pour 10 ans plutôt que 15 comme elle aurait pu le faire au maximum ou 5 ans comme la dernière autorisation. Pour tenir compte des risques et incertitudes des avis rendus par les agences européennes, elle fixe certaines limites pour les impuretés des formulations à base de glyphosate ou demande que des équipements spécifiques réduisent les risques de pulvérisation d’au moins 75 %.

Seul l’usage du glyphosate pour sécher les récoltes serait interdit

Si elle reconnaît l’impact de la substance sur les petits mammifères herbivores, les eaux de surface ou les résidus sur la rotation des cultures, elle s’en remet aux États, leur demandant d’y « prêter une attention particulière » lors de l’approbation des produits. Car si la Commission autorise les substances chimiques, ce sont bien les États qui évaluent les produits commercialisés sur leur territoire. Une décision motivée par des cultures, des usages et des conditions climatiques variant d’un pays à l’autre, selon une source de la Commission. Seul l’usage du glyphosate pour sécher les récoltes serait interdit. Pour les effets indirects sur la biodiversité, l’exécutif européen demandera des investigations supplémentaires à l’autorité européenne de sécurité des aliments.

Les États doivent maintenant débattre le vendredi 22 septembre 2023 de cette proposition avant de voter le 13 octobre. Sans majorité qualifiée (55 % des États membres, 65 % de la population de l’UE), un comité d’appel sera convoqué et il faudra une nouvelle réunion en novembre.

Si l’Allemagne cherche à interdire le glyphosate, la France, elle, a déjà penché en faveur d’un renouvellement par la voix du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le 12 septembre dernier : « Tout converge vers une nouvelle homologation, mais on va porter l’idée que sans l’interdire, car il y en a besoin, on peut quand même le réduire partout où cela est possible ».

« Une violation de la volonté des citoyens »

« La proposition de la Commission est un danger pour la santé et l’environnement, ainsi qu’une violation de la volonté des citoyens », a réagi l’ONG Pan Europe. Il y a cinq ans, un million de citoyens européens avaient en effet demandé l’interdiction du glyphosate. La controverse scientifique sur la dangerosité de la substance reste vive. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) avait déclaré le glyphosate comme probablement cancérigène. En juin 2021, l’Inserm avait encore ravivé le débat en affirmant la « présomption moyenne » d’un lien entre glyphosate et certains cancers du système immunitaire. Il y a quelques semaines, l’association Générations futures publiait, elle, un rapport démontrant que les agences européennes (contrairement à l’Inserm) avaient ignoré de nombreuses études portant sur les effets toxiques du glyphosate.


( source : / La Croix & AFP – 20 septembre 2023 )

Glyphosate : la Commission européenne propose de renouveler son autorisation pour 10 ans

Les faits 

La Commission européenne a proposé aux États membres de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate, mercredi 20 septembre. Bruxelles estime que le niveau de risque de son utilisation ne justifie pas l’interdiction de cet herbicide controversé.

Jean-Luc Flémal/BELPRESS/MAXPPP – Pulverising | Pulveriser 04/05/2023 (MaxPPP TagID: maxnewsfrfive158771.jpg) [Photo via MaxPPP]

La Commission européenne a proposé mercredi 20 septembre aux États membres de renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne, sous conditions, après le rapport d’un régulateur estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d’interdire cet herbicide controversé.

La proposition de l’exécutif européen, disponible en ligne, sera examinée vendredi par les représentants des Vingt-Sept, qui devront ensuite la valider à une majorité qualifiée d’États membres lors d’une réunion le 13 octobre.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans, expirait le 15 décembre 2022, mais a été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait finalement publié son rapport, indiquant ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation.

Mesures d’atténuation des risques

La proposition de la Commission autorise l’usage du glyphosate jusqu’au 15 décembre 2033, soit pour une durée deux fois plus longue que la précédente autorisation, mais en deçà de la période de 15 ans initialement prévue.

Pour autant, les conditions d’utilisation de l’herbicide devront être assorties de « mesures d’atténuation des risques » concernant les alentours des zones pulvérisées, notamment par la mise en place de « bandes tampons » de 5 à 10 mètres et l’usage d’équipements permettant de réduire drastiquement les « dérives de pulvérisation ». De même, Bruxelles fixe des niveaux limites pour certaines « impuretés » issues du glyphosate.

L’EFSA avait par ailleurs relevé « un risque élevé à long terme chez les mammifères » pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnu que le manque de données empêchait toute analyse définitive.

Conditions d’utilisation

Pour en tenir compte, la Commission enjoint les États, chargées de délivrer les autorisations au niveau national et de fixer les conditions d’utilisation selon les spécificités locales, à « apporter une attention particulière » aux effets sur l’environnement. Ils seront ainsi tenus d’examiner les « co-formulants » (autres composants présents dans les herbicides autorisés) et d’évaluer l’exposition des consommateurs aux « résidus pouvant être présents dans les cultures successives cultivées en rotation ».

De même, les États sont appelés à prêter attention à l’impact sur les petits mammifères, en envisageant « si nécessaire » des mesures d’atténuation ou des restrictions. S’ils identifient des effets indirects potentiels sur la biodiversité, ils devront examiner si d’autres méthodes de protection des cultures sont possibles, et pourront là aussi adopter des restrictions.

Glyphosate : la Commission européenne propose de renouveler son autorisation pour 10 ans

Enfin, ils devront veiller à la protection des eaux souterraines susceptibles d’être exposées via l’infiltration comme aux eaux de surface, notamment celles utilisées pour le captage d’eau potable. En revanche, l’usage pour la dessiccation (épandage de glyphosate pour sécher une culture avant la récolte) est désormais interdit.

Cancérogène probable

Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides – dont le célèbre Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde – avait été classé en 2015 comme un « cancérogène probable » pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

À l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

2 réflexions au sujet de « GLYPHOSATE LE RETOUR : l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) complice au grand jour de l’AGRO-INDUSTRIE qui empoisonne terre, air et eau !! »

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